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« Il ne m’aide jamais, je dois toujours tout faire toute seule ! » Que celle qui n’a jamais prononcé cette phrase lève la main ! Comme nous sommes d’accord, nous n’allons pas refaire tout un article sur la charge mentale. Mais pour une fois, je vous invite à prendre un petit pas de recul et à nous poser la question suivante: arrivons-nous à demander de l’aide à notre conjoint ? Je vous entends me répondre « il est assez grand pour la proposer tout seul« . Certes. Mais comme a priori, ces 3, 10, 18 dernières années, il ne l’a pas fait, peut-être pouvons nous changer de stratégie ?
DIY, tutos, réels et autres supports vidéos actuels nous permettent de nous former nous-mêmes, permettant en même temps d’avantage d’autonomie. Bonne nouvelle ? Oui ! Et non.
Le bon côté, c’est qu’on découvre beaucoup de nouvelles choses, qu’on augmente notre créativité et qu’on développe réellement notre autonomie. Voilà le piège. L’autonomie frôle parfois bien souvent avec l’indépendance… A force de vouloir être parfaitement autonome, on se débrouille toujours sans l’autre. Et on n’a plus jamais le reflexe d’aller demander de l’aide. Je ne parle pas ici que de notre conjoint, évidement. Nombreuses sont les femmes qui préfèrent consulter un site internet plutôt que d’appeler leur mère/meilleure amie pour avoir des conseils d’allaitement ou d’éducation. Il en est de même pour les recettes (qu’on ne se partage plus tellement entre amies), les vêtements (qu’on préfère vendre sur une appli), les astuces bricolage (qu’on ne demande pas à son voisin) etc…
Résultat ? Nous perdons tous l’habitude de demander un conseil, un avis ou de l’aide. Cette habitude de ne compter que sur soi et d’avoir toutes les connaissances à portée de main a forcément un impact sur notre relation à l’autre. En viendrions-nous à préférer payer une formation en ligne que de demander de l’aide à celui assis juste à côté de nous ?
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit: l’indépendance et l’autonomie, c’est bien. Je suis par exemple toujours sidérée de voir des amies dépendantes de leurs maris au moment du départ en vacances car elles sont trop effrayées de prendre la route seule avec leur smala. Là, clairement, il y a un double problème. Celui de la femme qui pense qu’elle n’est pas capable. Et celui du mari qui n’est pas en mesure de rassurer sa femme sur ses capacités.
La difficulté de demander de l’aide à son conjoint réside surtout dans le fait de se sentir vulnérable. Et ça, c’est difficile. Surtout parce que depuis 50 ans, on nous rabâche que la vulnérabilité, c’est mal. Depuis des années on nous dit que les femmes doivent être fortes et indépendantes. Que surtout elles ne doivent avoir besoin de personne (et surtout pas de leur mari). (Je me permets de rappeler à toutes fins utiles qu’on n’a pas attendu les néo-féministes pour savoir que les femmes sont fortes: il suffit d’imaginer un accouchement il y a 2000 ans.)
Pourquoi encourager la vulnérabilité ? Parce que c’est par là que l’on est rejoint. Dans notre fragilité, dans fatigues, nos manques, c’est là que notre conjoint peut venir nous compléter. Nous « joindre » comme dans « con-joint » ! Osons montrer nos limites et arrêtons de tout vouloir tout gérer toutes seules ! Nul besoin d’être Wonder Woman; le rôle est déjà pris. Soyons nous-mêmes: avec nos forces insoupçonnées (hello l’accouchement sans péri, les nuits de 5 heures pendant 3 ans, les trois journées en une etc…) et notre vulnérabilité qui donnera à l’opportunité de nous aider !
Pour faciliter la demande d’aide, il est une astuce assez efficace: celle de déplacer la charge mentale. Plutôt que de dire « peux-tu m’aider à vider le lave-vaisselle ?« , demandez plutôt « peux-tu aider à vider le lave-vaisselle ? ». Parce qu’en fait, vider le lave vaisselle ça n’aide pas QUE maman. Cela aide toute la famille, non ? Pareil pour la poubelle, le lave-linge ou les papiers administratifs ! Toutes les choses à faire dans le quotidien d’une famille ne sont pas orientées vers le bien-être de maman ! Mais bien de tous ceux qui vivent sous le même toit.
Essayez pendant quelques temps de transformer un tout petit peu vos phrases. Vous verrez que demander de l’aide « pour la communauté » est parfois bien plus facile que de la demander pour soi. Cela ne nous mets pas en défaut: vous n’êtes pas seule responsable du fonctionnement du foyer !
Par contre, n’oubliez pas qu’à partir du moment où vous demanderez de l’aide, vous allez devoir accepter que les choses ne soient pas faites comme vous l’auriez fait ! Et ça, ce n’est pas toujours facile. Certes, vous « savez mieux » comment plier les serviettes de bain pour qu’elles entrent dans le placard. Mais si Jean-Chéri prend les choses en main et les plie différemment, il ne faudra pas les déplier après lui. C’est généralement assez peu motivant que de voir tout son travail défait (presque) sous vos yeux, vous en conviendrez. Cela n’interdit pas de donner quelques conseils bienveillants. Mais n’oubliez pas que personne n’a le monopole du travail parfait !
Il est grand temps de réaprendre à dire: « je ne sais pas faire » ou « je ne peux pas le faire seule« . Gardons le plaisir de voir l’autre se faire utile, se faire service. Et même quand nous le pouvons, sachons dire : « Oui je peux toute seule mais le faire avec toi est tellement plus plaisant.«
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