Accouchement prématuré : J'ai accouché de jumelles à 31 semaines !

« L’ accouchement prématuré, un terme souvent entendu, jamais bien défini pour moi » Enceinte de jumelles, je savais que j’accoucherais avant mon terme. Je pensais bien que mes enfants seraient sans doute des prématurés, mais de quelques jours voire une ou deux semaines.

Jusqu’au 16 mai où tout a basculé… Voici l’histoire de mon accouchement prématuré et de la suite.

Une grossesse idyllique

J’ai eu une grossesse sans difficultés, une annonce joyeuse d’une grossesse gémellaire, des échographies sans problème, un développement des bébés normal, une prise de poids modérée, aucune menace d’accouchement prématuré, la possibilité de marcher pour garder la forme et éviter les problèmes.

Alors cette nuit du 14 mai, quand des douleurs au dos sont apparues, j’étais à 31sa+5 je ne ne pensais pas avoir des contractions. J’ai pensé à la constipation, ce mal de grossesse qui m’a suivi tout le long. Et puis ces douleurs se sont intensifiées. Rapprochées, jusqu’au moment où je n’avais plus 5 minutes de répit.

Direction les urgences. Sereine malgré tout.

Monitoring, verdict : ce sont bien des contractions. On m’annonce qu’on va me donner un traitement pour les stopper. Les cachets ne font rien. Alors ça sera en perfusion, ça s’espace, un peu, et ça revient plus fort.

Le gynécologue contrôle, pour m’envoyer dans une maternité de niveau 3, si mon col a bougé. Ma maternité n’est qu’au niveau 2, c’est-à-dire après 32 Sa.

Accouchement prématuré à 31 sa

Et là il prononce ces mots qui deviennent réalité  « vous êtes dilatée à 4 , vous allez accoucher » .

22h le 15 mai : on m’annonce que je vais accoucher. Ici, maintenant, tout se bouscule.

C’est trop tôt, elles sont si petites, je ne suis pas prête, elles ne le sont pas. Mais face à cette annonce soudaine, presque irréelle, je fais face. Je suis en mode pilote automatique. Péridurale, je pousse, je n’ai pas eu mes cours de préparation, mais la sage femme est super.

Mes jumelles sont si belles

3h50 et 3h53 le 16 mai : mes filles sont là.

Enfin posées à peine quelques secondes sur moi, des micro pleurs, des cheveux et elles partent. En réanimation. Je ne le saurai que plus tard.

Je ne les verrai que 5h après. On a des soins à leur faire. Le papa pourra les voir quelques minutes. On nous dit que les 24h prochaines heures seront décisives.

Le temps passe lentement, je ne réalise pas trop. Je peux enfin les prendre contre moi. L‘émotion me submerge.

Amour, angoisse, peur viscérale de les perdre

Jour après jour. Prier, espérer et les regarder se battre, avancer, gagner pas à pas. Leur parler, les rassurer les accompagner.

Devoir les laisser le soir et les retrouver le matin. Quitter la néonatalogie le coeur en miettes, heureusement les mots, les sourires des équipes aident à accepter.

On pleure, on rit, on y croit et on a peur.

L’émotion au rythme de leurs victoires, de leurs pas à elles, mes petites warriors.

Et puis on nous annonce enfin qu’on peut avoir une chambre avec elles,  elle respirent enfin seules.

Vivre au rythme des machines

Vivre au rythme des machines, angoisser au moindre son de celles-ci. Voir ses petites filles devenir bleues, les stimuler pour qu’elles reviennent après s’être oubliées quelques secondes.

Avancer vers la sortie.

Puis les voir stopper dans leur progrès. La semaine des 35 sa, l’équipe m’avait prévenue, mais c’est réel. C’est là et ce sont mes petites filles.

Elles ne progressent plus, elles sont fatiguées.

L’angoisse repart après m’avoir un peu quittée

Cette boule au fond de moi qui m’a traversée au plus profond ne m’a jamais quittée.

Et puis c’est l’annonce de la sortie, mélangé à la joie et à l’appréhension.

Adieu machines, professionnels, ce service de néonatalogie et sa bulle si particulière. Mélange d’angoisse et d’espoir. Ce cocon.

Des larmes, de joie, de peur, des au-revoirs déchirants, des personnes que l’on n’oubliera jamais. Merci à eux et à elles, de nous avoir aidés à surmonter cette épreuve de la vie.

Le retour à la maison avec mes jumelles après l’ accouchement prématuré et le séjour à l’hôpital

Et une nouvelle aventure commence à la maison, il n’y a plus personne pour nous rassurer, plus personne pour nous écouter, pour répondre à nos questions. Nouvelles angoisses quand ces bébés si fragiles font des fausses routes en prenant leurs multiples traitements.

Culpabilité quand tu nous tiens.

Je n’ ai pas su les garder au chaud dans mon ventre, je n’ai pas su les protéger. Ce sentiment a du mal à nous quitter.

Le retour à la maison, c’est pour moi la joie et l’enfer.

Ma vie a changé,  je suis responsable de deux être si fragiles et je n’ai pas le mode d’emploi. Mais qui l’a ? 

J’ai accouché si tôt que je n’ai pas eu le temps de me préparer.  La fatigue psychologique qui se cumule et l’effet boomerang revient en pleine tête, enfin pour moi c’est aujourd’hui.

Je vais recontacter la psychologue de néonatologie que j’avais demandé à voir pendant le séjour de mes deux bébés.

Je pense que c’est important. Parce que accoucher prématurément ce n’est pas rien.

Parce que s’occuper de bébés prématurés et tout ce que cela implique au quotidien, au présent et dans le futur ce n’est pas rien.

Alors à toutes les mamans de prématurés, je vous envoie tout mon courage. Cette épreuve est difficile mais vous serez encore plus fortes après.

À tous ces bébés warriors que j’admire, mon amour est inconditionnel.

A mes filles, je vous aime et vous admire plus que tout, vous êtes des warriors.

Célia

Maman de Louise et Romane

photo @littleladychang