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D’abord, mettons-nous d’accord sur ce point. L’instinct est défini comme un comportement inné à une espèce, accompli sans apprentissage préalable et en toute perfection. Donc, clairement, l’instinct maternel n’existe pas. L’accouchement provoque une impulsion biologique qui nous permet d’être plus sensible aux pleurs de notre bébé mais le fait et la manière de répondre à ces pleurs relèvent de nos propres choix. Aucune d’entre nous n’a été programmée génétiquement pour savoir toujours quoi répondre et comment agir parfaitement avec ses enfants. Nous ne transmettons pas notre éducation comme un ours apprend à pêcher à sa progéniture.
Nous avons appris imparfaitement. Nous continuons à le faire. Nous vérifions empiriquement si ce que nous faisons semble juste ou si nous nous sommes plantées. Nous n’avons pas toujours les réponses. Nous doutons souvent et élever nos enfants ne sera jamais quelque chose que nous ferons en répondant à ce que notre espèce nous demande, comme il a été fait depuis la nuit des temps. Non, même si nous aimerions parfois que cela soit aussi simple, l’Homme est pétri de sentiments, de libre-arbitre, de raison et de culture. Et de normes sociales.
Alors que l’instinct induit quelque chose de primitif et de non transmissible, ce à quoi nous donnons le nom d’ « instinct maternel » appelle, au contraire, une relation qui se construit plus ou moins rapidement entre nous et notre enfant. Il est le résultat de notre propre histoire, de ce que nous avons appris et reçu étant petit. Il dépend également de notre environnement et, disons-le, de l’enfant qu’il nous est donné d’élever. Notre « instinct maternel » est plus fulgurant lorsque nous nous reconnaissons immédiatement chez notre enfant. Il met probablement plus de temps à se construire lorsqu’il est très différent de nous.
Ne pas confondre instinct et amour. L’instinct appelle l’inné, le génétique, le programmé. L’amour appelle la découverte, le temps et la construction. Et il n’y a aucune universalité naturelle dans cela.
Être mère n’aura probablement jamais été aussi culpabilisant qu’aujourd’hui. Entre les impératifs de l’éducation à l’ancienne de nos mères (et belles-mères), ceux de l’éducation positive et les découvertes en neurosciences, nous nageons dans un océan de conseils contradictoires.
Et encore ! Si ce n’était que ça ! L’ère du tout connecté et des réseaux sociaux nous force à regarder, à épier l’autre, à comparer. Même la maman la plus droite a forcément eu une once de doute sur sa maternité un jour.
Ajoutez à cela le fait que l’impact de l’éducation que vous donnez est, de toutes façons, limité car c’est un autre qui la reçoit. Un autre qui n’est pas vous, qui a sa propre volonté et ses propres désirs. Votre enfant naît avec une personnalité qui est déjà bien la sienne quoique vous fassiez. Et si impact il y a, vous ne saurez jamais exactement quel est-il et il y a de fortes chances que ce ne soit pas tout à fait celui que vous attendiez.
Mais rassurons-nous ! Il y a quand même quelque chose que nous pouvons faire pour nous simplifier la tâche. Faire confiance. Non pas parce que ce que nous choisirons sera la solution parfaite (elle n’existe pas) mais parce que nous aurons fait un choix. Il y a une infinité de manières d’éduquer un enfant, et toutes sont probablement bonnes en un sens. Mais aucune n’aura de réelle emprise si vous n’avez pas confiance, pas seulement en vous, ni en ce que vous faites mais en votre enfant également.
Temps, abandon et confiance. Voilà bien les seuls conseils que j’ai envie de retenir.
Marie-Amélie Clement
@bonjour.melie
Crédit photo : amzn.to/Living Textiles Co.