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J’ai rencontré mon futur mari tardivement, j’avais 33 ans. J’ai vécu un long célibat parfois douloureux et pesant. Après un parcours difficile en gynécologie avec un diagnostic non définitif d’Endométriose, ma gynécologue m’avait prévenu qu’il serait difficile d’avoir des enfants.
J’ai parlé de mes problèmes de santé dès le début de notre relation avec mon futur mari. Nous étions d’accord que si nous n’avions pas d’enfant, nous avions déjà la chance d’être entourés de nombreux neveux, nièces et filleuls. Cela a contribué à dédramatiser la situation. Lorsque nous avons emménagé ensemble, nous avons décidé de laisser faire les choses. Nous utilisions un moniteur de contraception. Puis, nous nous sommes mariés 8 mois après notre emménagement. Je suis tombée enceinte tout de suite après le mariage. Quel bonheur ! Lorsque j’ai annoncé cette nouvelle à mon mari, il m’a immédiatement répondu « nous allons être parents » ! Je crois qu’il mesurait plus que moi que la grossesse menait à la parentalité.
Ma grossesse s’est plutôt bien passée. J’ai aimé être enceinte, je me sentais tellement belle, tellement épanouie, tellement comblée !
Petit à petit, il a fallu commencer à préparer l’accouchement. J’angoissais beaucoup de devoir vivre cette épreuve. J’ai été accompagnée par une super sage-femme. J’ai écrit un projet de naissance pour un accouchement le plus naturel possible. Je ne voulais pas de péridurale, préférais un accouchement en salle nature, et désirais arriver le plus tard possible à la maternité…
En fin de compte, rien ne s’est passé comme prévu. Mon bébé a dépassé le terme d’une semaine et j’ai fini par être déclenchée.
Mon « accouchement douceur » s’est mué en « accouchement horreur » ! J’ai vécu un vrai calvaire et ai demandé la péridurale dès que ça a été possible.
C’était trop dur pour moi, pour mon corps de passer de zéro contractions à des contractions de fin d’accouchement en moins d’une heure. L’accouchement a été très long. Plus de 20 heures de travail ! Et pourtant, le bébé ne descendait pas. Deux fois de suite, on a failli avoir une césarienne en urgence… Le gynécologue de garde a dû intervenir, utiliser la ventouse et faire sortir le bébé de force. J’avais « diminué » les doses d’anesthésiant au moment de l’expulsion, car je voulais sentir les choses advenir.
Mon mari a été présent tout ce temps. Néanmoins, il a dû nous quitter rapidement après la naissance, à cause de son travail. Je me suis retrouvée seule – toute seule – dans la salle d’accouchement avec cet étranger dans les bras. Et puis, je suis retournée dans ma chambre, toujours seule avec cet étranger dans les bras.
Je souhaitais allaiter, et même si la mise en route a été difficile, cette proximité m’a aidée à créer le lien. Si j’avais donné le biberon, je me serais contentée de le lui donner et de le reposer aussitôt dans son berceau. Au sein, il est conseillé d’avoir son bébé toujours près de soi pour repérer les signes de demande.
Et puis, nous sommes rentrés à la maison. Toujours aussi seuls. Cette fois, seuls à 3. J’étais tellement fatiguée, tellement épuisée. Malgré l’aide de mon mari, il fallait bien préparer des repas, faire les lessives, … même en service minimum. Mon mari a un métier qui l’oblige à s’absenter de la maison aux heures les plus critiques: matin et soir. S’il était le plus présent possible en journée, comme il travaille avec du vivant, il a aussi une responsabilité professionnelle à assumer.
Pendant des semaines et des semaines, il nous a retrouvés à pleurer tous les deux dans le canapé en rentrant le soir. J’ai été seule pour gérer les pleurs du soir. Ces pleurs insupportables où rien ne console le bébé. J’ai fait le choix de le prendre dans mes bras à ces moments là, parce que ça m’était plus supportable qu’il pleure dans mes bras plutôt que dans son berceau. Et je me sentais tellement mauvaise mère de ne pas pouvoir, de ne pas savoir le consoler. Une fois, j’ai dû le soustraire à ma vue et le mettre dans notre chambre porte fermée et aller à l’autre bout de la maison pour ne plus l’entendre. Je crois que j’aurai pu faire LA bêtise de ma vie à ce moment-là…
Je me suis sentie tellement oppressée par cette présence qui venait tout chambouler dans notre vie: un vrai tsunami d’émotions et de remaniements relationnels. De femme, je devenais mère, de fille, je devenais mère.
Je me suis sentie terriblement seule. J’aurais aimé que notre entourage me propose de l’aide. Nous apporte des plats cuisinés, une aide au ménage, au linge, une présence soutenante. Tellement souvent, je me suis sentie effondrée devant la responsabilité de la maternité, devant la gestion du quotidien, toujours seule. Et cette culpabilité de ne pas être aussi heureuse que les autres voulaient que je sois… « Tu dois être tellement heureuse »… Quelle horreur que d’ être mère, quel supplice, quel enfer!
Combien de fois me suis-je demandée comment j’allais m’en sortir, quand est-ce que ça allait s’arrêter, jusqu’à ce que j’accepte que jamais ça ne s’arrêtera !
La relation avec mon fils s’est créée petit à petit et grandissant, il commençait à interagir ! Je me souviens de cette journée horrible où il ne m’avait pas lâchée une seconde – il refusait d’être posé, je l’ai eu dans les bras les 5-6 premiers mois de sa vie – et où il avait pleuré toute la journée. Il avait un mois et demi et j’ai voulu le prendre en photo. A ce moment là, je lui ai dit « regarde Maman » et il m’a souri!!! J’ai été envahie d’une telle vague d’amour que j’ai senti ma colère se briser en morceaux et j’ai commencé à l’aimer. A cet instant, j’ai pu dire à mon mari: « maintenant, c’est moi sa mère ».
Ce sentiment d’effroi s’est estompé un peu lorsque j’ai repris le travail. Je peux alors mettre au 2ème plan ma casquette de mère et ça apaise mes angoisses. La séparation est très dure, mais mon fils est cool, il me facilite les choses.
Nous envisageons d’avoir rapidement un 2è enfant, mais nous ne sommes pas prêts à revivre ce que nous avons vécu les 1ers mois. Maintenant, on sait comment ça se passe…
Anonyme
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