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Maman Vogue vous propose le témoignage de Marie, atteinte d’un cancer des os et maman.
Mère célibataire de 32 ans, Marie Llorente est une battante. La maladie vient la cueillir alors qu’elle est assistante juridique dans un cabinet d’avocat. Sapeur-pompier volontaire, jeune, dynamique et sportive, elle croque alors la vie à pleine dent. Le choc est d’autant plus violent…
« Les premières douleurs à la hanche sont apparues en février 2015. Puis après des tas d’examens et biopsies, mon médecin traitant m’annonçait enfin ce que j’avais en juin 2015. A chaque résultat d’examen, on a toujours le choix entre deux diagnostics : le pire et le moins pire. Dans mon cas, c’était toujours la pire nouvelle ! Ma première réaction fut d’abord un soulagement, car on mettait un mot sur ma douleur. Mais « CANCER » est quand même le pire mot qu’on puisse annoncer. Franchement, je pensais que ça n’arrivait qu’aux autres… Et bien non ! »
« Etonnamment, ma seconde réaction fut une grande inspiration pour m’armer d‘une force, qui, je ne le savais pas encore, deviendrait ma plus grande alliée face à la maladie. On en a tellement besoin pour l’annoncer à ses parents, premiers touchés par cette épreuve. Le pire moment restera quand je l’ai dit à ma mère ! De mon côté, égoïstement, je préférais être celle qui était malade, car je savais que j’aurai la force de me battre. Et je préférais que ça tombe sur moi plutôt que sur ceux que j’aime. D’ailleurs les cancéreux passent leur temps à rassurer leurs proches, à leur dire qu’ils vont bien, tandis que ces derniers sont au fond du gouffre ! »
« Quand on est malade, l’hôpital devient notre deuxième maison. Je trainais en fauteuil roulant dans les couloirs jaunâtres et lugubres. Là-bas, les gens me connaissaient. Je m’étais familiarisée avec les lieux, le personnel, les soignants… Heureusement, mes amis et ma famille prenaient aussi le temps de venir me voir et me soutenir, alors que je me sentais « au bout de ma vie ». Mon fils Ulysse, mon soleil, venait me rendre régulièrement visite. Nous avons fait nos premiers pas ensemble, lui du haut de ses 1 an, et moi avec ma nouvelle jambe ! »
« Alitée à cause d’une coque en plâtre qui me bloquait la moitié du corps, j’ai dû retourner vivre chez ma mère avec mon fils. Ma grand-mère est venue nous aider dans notre quotidien. Ayant choisi l’option hospitalisation à domicile entre deux cures de chimiothérapie, je voyais défiler le personnel soignant du matin jusqu’au soir. Pour m’aider à la toilette, l’habillage, les soins des escarres, les prises de sang interminables… C’était très difficile à vivre ! J’étais devenue une jeune mère active de 29 ans qui avait directement atterri dans le quatrième âge avec son déambulateur ! »
« Mon fils avait un an à ce moment là et j’étais frustrée de ne pouvoir m’occuper de lui à 100 %. Mais dès que j’ai pu recouvrer le minimum d’amplitude, en me séparant du plâtre, je n’avais plus qu’un seul objectif : assumer pleinement mon bébé. Nous passions beaucoup de temps ensemble. Quand nous sortions nous promener, il n’avait plus besoin de poussette, car il se mettait sur mes genoux en fauteuil roulant. On chantait souvent.
Toujours coincée dans mon fauteuil, je le regardais jouer des heures dans le jardin. Je pense qu’il a très bien vécu cette période, même si elle l’a fait grandir un peu plus vite qu’un autre enfant. J’ai une image très forte qui me reste en mémoire. Lors de promenades sur la voie verte, mon fils voulait absolument mimer mes amis, qui me poussaient, et malgré sa petite taille, il se mettait sur la pointe des pieds, sachant lui-même à peine marcher, pour atteindre les poignées et pousser de toutes ses forces sa maman sur le chemin. Je l’entendais donner tout ce qu’il avait pour faire exactement comme les autres. Tout comme il mimait les infirmières qui me faisaient les soins ! »
« Entre les premiers symptômes et l’élimination de la dernière cellule cancéreuse, la maladie aura duré un peu moins d’un an. Mais curieusement, lorsque mon chirurgien m’a annoncé que j’étais en rémission, ce fut à la fois une grande résurrection et renaissance (les portes du futur s’ouvrant sur de nouveaux projets), mêlées à une profonde mélancolie sortie de nulle part. Je récupérais ma vie d’avant, mais je n’étais plus comme avant ! Mon corps me le rappelait sans cesse, mes émotions aussi. Et encore aujourd’hui, plus que jamais, mon combat contre le cancer est au centre de mes intérêts. Ne pas capituler face à cette souffrance physique et psychique. Continuer à se battre contre cet isolement que nous laisse la maladie ou l’handicap. »
« Lorsque j’étais sur mon lit d’hôpital, je me suis promis que si je m’en sortais, je voyagerais avec mon fils et lui ferais découvrir le monde, la Vie, pour lui ouvrir l’esprit. Quand mon chirurgien m’a annoncé que je ne pourrais plus faire de sport, qu’une randonnée me serait impossible, que même marcher 200m me fatiguerait et que je devrais sans cesse me reposer, j’ai eu une révélation. Pour retrouver confiance en moi, il fallait que je reprenne la base : la marche à pied, moyen le plus basique de se déplacer.
Réapprendre à marcher, au sens propre comme au figuré. Arrêter de courir partout et apprendre à profiter de l’instant présent. Avec comme seul impératif : rester en Europe, près de la France, pour pallier au moindre problème. Un ami m’a conseillé le Chemin de Compostelle en me faisant remarquer qu’il était très emprunté et me permettrait d’avoir du monde en cas de besoin… A partir de là, ce Chemin est devenu une évidence ! Je cherchais à atteindre un rêve que j’avais inventé et qui me permettrait de me prouver que j’existais encore. Je voulais me prouver que j’étais encore capable de répondre aux besoins de mon fils et aux miens. Le défi était lancé ! »
« Depuis Pampelune, nous avons marché quarante-deux jours de bonheur pour atteindre Fisterra. Il y a eu des moments difficiles, lorsque certaines auberges nous refusaient l’entrée sous prétexte qu’Ulysse était trop petit et risquait de déranger les pèlerins… Dans ces cas-là, nous continuions jusqu’au village d’après. A l’approche de Saint-Jacques, les auberges étaient pleines à craquer et nous avons fini par acheter une tente pour garder notre autonomie et ne pas transformer notre Chemin en course contre la montre. Je dois aussi remercier Saint-Jacques d’avoir mis sur notre route aux moments opportuns, des pèlerins qui nous ont aidés à cheminer et à avancer dans les moments les plus difficiles. Il suffisait que je prie très fort et surgissait de nulle part une personne pour nous venir en aide. C’était la magie du Chemin ! »
« A 3 ans seulement, Ulysse s’est comporté en vrai petit pèlerin. Il avait bien compris le déroulement d’une journée et les tâches qui nous incombaient : trouver une auberge, de quoi se nourrir, faire les lessives, étendre le linge, ranger nos chaussures qui sentaient mauvais avec celles des autres pèlerins. Mon fils était un vrai rayon de soleil qui illuminait le visage des pèlerins et donnait de la force à tous. Aux moments de fatigue, on se reposait, on s’arrêtait, on grignotait un bout de chorizo, une orange et on repartait. Par moment, Ulysse faisait la sieste dans la poussette. A d’autres, il gardait les yeux grands ouverts pour admirer la nature. »
« Un des souvenirs les plus marquants est évidemment l’émouvante arrivée à Saint-Jacques de Compostelle où j’ai eu la chance de recroiser de nombreux pèlerins qui nous avaient aidés. Je n’arrêtais plus de pleurer de bonheur et de reconnaissance ! Il m’est arrivé aussi de pleurer devant des paysages magnifiques, remerciant le ciel de m’avoir permis de contempler la nature, et devant des moments simples de la vie où je voyais mon fils grandir juste sous mes yeux. La simplicité du Chemin faisait notre bonheur quotidien ! »
« L’idée de partager cette aventure sur Facebook est venue naturellement. Nous avions été soutenus financièrement et moralement dans notre projet. Aussi, je trouvais légitime de partager notre cheminement avec toutes les personnes qui avaient permis la réalisation de ce rêve. La communauté « 2 ailes Compostelle » m’a permis de ne jamais flancher en trouvant du réconfort à toute heure de la journée ou de la nuit. Elle nous a véritablement donné des ailes ! S’il m’arrivait d’être à bout de souffle, je lisais les messages de soutien. Je me suis vraiment sentie portée par toutes ces belles pensées, gentils mots ou « like » reçus quotidiennement. Je remercie encore de tout mon cœur toutes ces personnes qui nous ont portés. »
Grâce à ce défi, j’ai retrouvé une énergie débordante que je pensais avoir perdue. Elle était pourtant bien là, prête à être partagée ! Sur ce Chemin, je me suis enfin retrouvée… J’avais quitté une femme sans cancer, avec ses deux jambes, cavalant au rythme de folles courses à pied. Puis j’ai découvert une femme qui devait faire le deuil de sa vie passée pour laisser place à une Vie encore plus belle malgré tout ce qu’elle pensait avoir perdu. Je me sens tellement plus vivante qu’avant le cancer ! J’ai retrouvé le sens de la vie, mon but sur terre. Toutes ces valeurs essentielles et basiques que l’on peut parfois perdre de vue… Alors que justement c’est l’essence même de notre vie ! Je suis rentrée physiquement très fatiguée et j’ai dû passer plusieurs mois au lit pour m’en remettre. Mais avec une soif de vie omniprésente, on relativise davantage tous les problèmes ! »
« Je suis en train d’écrire notre chemin. Je ne sais pas si le récit sera publié, mais je prends un plaisir fou à l’écrire. Avant tout, je souhaite partager les rires et les émotions que l’on a pu vivre sur ce chemin. La création d’une association est en cours. Ce projet me tient vraiment à cœur, car j’espère pouvoir mettre en place une grande marche l’été prochain, ouverte à tous quelle que soit leur condition physique. Grâce à l’entraide, je veux permettre à ceux, qui pensent ne plus pouvoir le faire, d’y arriver ! S’il y a bien une chose que je retiens de mon aventure, c’est que le dépassement de soi nous révèle ! »
Laetitia d’Hérouville
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