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Organisation, médiation, dédramatisation sont les trois mousquetaires de la gestion des disputes entre frères et sœurs. La médiation, généralement binôme de la conciliation, étant le principe le plus évident, et le plus débattu, face à ce type de situation, une fois n’est pas coutume, ce sont surtout l’organisation et de la dédramatisation qui vont être au cœur de notre propos.
Une partie de la gestion des disputes passe par l’anticipation. Lors d’une réunion de rentrée, une maîtresse expliquait qu’elle changeait très fréquemment d’activité afin d’optimiser le potentiel de concentration et d’attention des enfants. Ce principe s’adapte également à la gestion de la bonne entente dans la fratrie. À la maison, initier un roulement entre activités manuelles, devoirs scolaires, participation aux tâches domestiques, alternativement seul ou en fratrie, instaure un rythme soutenu qui limite les « temps morts » propices aux discordes.
Diviser la fratrie pour lui faire apprécier d’être réunie.
Votre fratrie aime s’amuser dans le bain? Néanmoins cela vire rapidement en bataille navale? Le bain commun peut devenir une exception, et donc un plus grand plaisir apprécié. Pendant que l’un profite du calme de la baignoire, le (ou les) autre(s) enfant(s) partage(nt) un moment avec maman ou jouent calmement, séparément. Puis on inverse.
« Oui mais t’occupes plus de Charles que de moi ! ». Lorsque le réservoir de moments privilégiés partagés avec les parents est rempli, ce type de petite jalousie qui pourrait causer une dispute diminue, pour le bien-être de la quiétude familiale. Lorsque papa nage à la piscine avec l’aîné ou les garçons, maman peut sortir boire un chocolat chaud avec les filles. Oui la balade en famille est excellente pour la cohésion du groupe néanmoins vous vous rendrez vite compte des bienfaits de partages d’activités en cellules plus retreintes. La fois suivante vous inversez.
La dispute est engagée, les hurlements retentissent, vos oreilles crient grâce … Evidemment, le bon sens commun invite à la médiation.
Demander à chacun, à tour de rôle, d’expliquer les raisons de la dispute coule de source mais l’exercice est plus ou moins aisé en fonction de l’âge des enfants. Il revêt néanmoins une grande importance car il démontre à vos enfants l’importance d’écouter les versions et surtouts points de vue de tous. Non l’aîné n’est pas par défaut l’horrible tortionnaire et la cadette n’est pas systématiquement la pleurnicheuse victime.
Apprendre à ne pas blesser, physiquement mais également verbalement. Reparler de cette dispute une fois que la bonne humeur est revenue pour expliquer le champ lexical des sentiments, des caractères et les valeurs telles que la bienveillance, l’empathie, la tolérance, la patience et tant d’autres. Ne pas accuser un défaut mais expliquer un trait de caractère. Les enfants en jouent indirectement en grandissant mais c’est à l’âge adulte que cet apprentissage sera bénéfique, dans le cadre des relations humaines, une personne ayant une fine sensibilité de la personnalité, sera (ou pas selon son caractère), plus à même de concilier les opinions divergentes.
Chercher un avion dans le ciel, épeler un mot pour ceux qui commencent à écrire, mettre de la musique, isoler en expliquant qu’il ne s’agit pas d’une punition mais d’une méthode pour apaiser la colère. Il est facile d’expliquer que lorsque nous-même nous sommes contrariés nous préférons nous isoler, le temps que la colère s’évacue.
Les Sylvanian reçoivent des amis à la maison, aide-les à remettre en ordre leur maison pour la rendre accueillante. Ton poupon est en pyjama? Et si tu le préparais pour se rendre à la crèche ? Les Playmobil organisent une opération de sauvetage de ton Doudou. As-tu vu que ce modèle de légo peut-être construit d’une autre manière ? Faites la plus haute tour de Duplo/Lego/Kapla afin que nous puissions mettre sa photo dans le cahier de bord de la classe pour montrer aux petits amis.
Apprendre à lancer une pièce pour déterminer qui passe en premier. Les prémices de la dispute pour cause de rivalité se transforment alors en apprentissage ludique. Dans le même esprit, selon l’âge des enfants, chanter des comptines d’élimination (Amstramgram…) est un bon moyen « objectif » de déterminer un tour de passage et d’apprendre au reste de la fratrie de nouveaux chants à partager (fièrement) dans la cour de récréation.
Les disputes entre frères et sœurs sont les premières d’une longue série c’est donc un bon entrainement pour l’école de la vie. Dès lors qu’elles ne se transforment pas en échange d’insultes ou ne tournent pas en bagarre, laissons trainer les oreilles (agacées avouons-le) et prenons notre mal en patience. Ces disputes sont pour les parents un bon laboratoire pour transmettre des clefs à leur enfant en vue de gérer des conflits qui interviendraient à l’extérieur de la maison.
Les caractères et le naturel de nos enfants ne les rendent pas forcément complices et les amènent à se disputer fréquemment, sans que l’on constate de complicité, pour la plus grande inquiétude (et déception) des parents. Nos fratries ont toute leur vie pour tisser des liens entre eux qui peuvent se resserrer. Parfois il faut attendre le lycée, voire les études supérieures mais patience est mère de toutes les vertus. Filez vite lire la déclaration d’amour fraternelle d’@alicedrisch à sa sœur (post Instagram du 16 octobre).
Cependant, être vigilant à ce qui pourrait générer des disputes ou entraver une complicité est essentiel. Belle-maman qui recommande à votre fils de jouer sans sa sœur « pour faire des trucs de garçons », Tante Hortense qui brandit la jalousie dès que le ton s’élève « c’est normal, elle veut faire comme son frère », « il est jaloux, sa sœur lui a pris sa place de bébé ». Le mot jalousie cristallise parfois des tensions entre les enfants, il sonne comme une critique et une appréciation dans l’esprit de certains enfants. La jalousie n’est pas forcément à l’origine d’une dispute, il s’agit de dédramatiser et de prendre du recul. Plus facile à écrire qu’à mettre en place certes mais courage, vous saurez déployer des trésors d’ingéniosité ou à défaut, ferez un compte à rebours avant l’apéro.
Education approximative, Agnès Labbé, éditions Marabout, page 133-134
Photo : Anna Click pour Maman Vogue
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