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"Je vois ma fille grandir tous les jours, c’est le plus beau job du monde"

 
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J’ai toujours voulu des enfants. Ado, je disais vouloir être une “jeune maman”. Et puis la vie est arrivée, je me suis expatriée, j’ai vieilli, sans enfants.

La peur de la perdre

Il y a 4 ans, j’ai rencontré mon mari et, après 2 fausses couches, j’ai finalement eu ma petite Rose qui a maintenant 11 mois.
La dépression est venue je crois de plusieurs choses. La plus importante: la terreur qui m’a habitée dès que j’ai su que j’étais enceinte. J’avais tellement, tellement peur de perdre mon bébé, si longtemps attendu. Et puis ça s’était mal passé 2 fois, pourquoi pas une 3ème? J’ai eu quelques complications pendant ma grossesse, des saignements et un placenta placé juste devant qui m’empêchait de la sentir bouger. J’ai vécu 37 semaines dans une angoisse permanente, le jour, la nuit, j’avais peur.

Tellement peur que les médecins ont finalement décidé de me déclencher à 37 semaines.

Rose est née, petite mais en très bonne santé… la peur, elle, n’est pas partie, elle a juste changé. Pendant des mois, j’ai dormi dans le canapé, refusant de dormir pour la veiller “au cas où”.

Si elle avait un petit bouton, respirait un peu plus vite, c’était panique à bord et visite aux urgences. Ça rendait mon mari dingue.
Et puis il y a eu les journées entières, toute seule avec mon bébé, à la maison.

Je devrais peut être préciser que nous vivons à Londres où je n’ai ni famille, ni amis proches. Donc beaucoup de solitude, d’isolement, et l’impression de simplement servir à faire la lessive et m’occuper de bébé, seule, le jour et la nuit.

Changement de vie

Une autre chose que je pense a déclenché ma dépression, c’est la dimension du changement dans ma vie.

Avant, j’avais une carrière, je travaillais pour un membre de la famille royale dans une grosse société anglaise, je réussissais bien. Je m’étais battue pour en arriver là et, à 40 ans, mon boulot était au centre de tout. Et puis tout à coup, j’ai arrêté de travailler. Arrêter parce qu’après 2 fausses couches, on voulait se donner toutes les chances, sans stress. Et après pour élever ma fille. À Londres, payer la garderie à temps plein ne serait même pas couvert par mon salaire alors pourquoi y retourner? J’ai eu beaucoup de mal à assumer ça. À perdre mon indépendance financière, à devoir “demander”, moi qui avais toujours tout fait toute seule. Je pensais aussi que le “travail” que je faisais n’était pas vraiment important. Les femmes qui réussissent, les wonder women, les super girls, elles ont des enfants ET elles travaillent. Alors de quoi est-ce que je me plaignais? Pourquoi est-ce que j’étais si mal?

J’ai donc commencé les antidépresseurs et les calmants pour dormir. J’ai acheté un Nannycare pour ma fille, et un vélo d’appartement pour me défouler. Je me suis botté les fesses et j’ai emmené Rose à des groupes de bébés.

Je l’aide à grandir tous les jours et pour moi, c’est le plus beau job du monde

Ça a été très dur. Mais j’ai eu un déclic. Le boulot que je fais, ce boulot “pas si important”, c’est ça qui va définir la façon dont Rose se comportera plus tard. Je vais définir sa confiance en elle, sa force, et sa santé pour encore quelques années. Je suis son nounours préféré et elle sait que je suis là pour elle. Et j’aime me dire ça. Je respecte a 100% les wondermums qui font tout, mais maintenant je suis fière de m’occuper d’elle, de son père, et de son demi-frère. Et je sais que jusqu’à ses 2 ans, elle ne verra pas la garderie. Et c’est mon choix et maintenant je l’assume. C’est aussi mon choix de la laisser continuer à manger au biberon plutôt que de la forcer à manger des solides. C’est mon choix de lui refuser l’accès à tout écran, même si ça me donnerait du temps libre.

A 11 mois, elle dort toujours dans notre chambre. Je n’arrête pas, je cours tout le temps et partout, je n’utilise pas mon vélo (pas le temps), mais je la vois et je l’aide à grandir tous les jours et pour moi, c’est le plus beau job du monde.

Je suis allée mieux quand j’ai eu ce déclic, quand j’ai réalisé tout ça. J’ai complètement arrêté tout traitement, sans aucun soucis. Maintenant je meurs d’envie d’en avoir un ou une 2ème, et de tout recommencer… avec l’angoisse en moins.

Je crois que la leçon que j’ai apprise c’est avant tout de ne pas culpabiliser. On est toutes différentes et on fait de notre mieux. C’est ça qui est le plus important, pour nous et pour nos enfants.

Ce que je voudrais aussi souligner c’est que c’est solitude, cette impression d’être toute seule dans notre cas particulier, elle est fausse. C’est dur pour toutes les nouvelles mamans et on reste toutes chez nous à souffrir en silence… il faut en parler. On n’est pas seules, pas du tout.

En conclusion, maintenant, si quelqu’un essaie de me dire que je devrais la coucher dans son lit et la laisser pleurer, je réponds que je veux que ma fille “fasse ses nuits dans sa chambre” parce qu’elle sait qu’on viendra si elle appelle, pas parce qu’elle se résigne, sachant qu’elle pourra crier autant qu’elle veut, personne ne viendra. En général ça ferme la bouche (je reste polie) des gens qui se croient en droit de juger, et moi ça me rend très fière.

 

photo ©Vanessa Breuer & Family

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