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Je vis au Québec avec mes enfants, après quelques années en France. Force m’est de constater les bienfaits de l’éducation qu’ils reçoivent ici dans notre vie quotidienne.
Ici, les enfants font partie intégrante de la société. Les québécois sont accueillants avec les enfants. Les restaurants, les boutiques, les bibliothèques, tout est kids friendly. Personne ne vous regarde de travers si vous rentrez dans un lieu public avec des enfants, même en bas âge. Dans la rue, dans les transports, on laisse une place aux enfants et aux poussettes. Il n’est pas rare qu’au supermarché, on leur offre des fruits gratuits. Lorsque j’ai pris l’avion eux, évidemment peu patients et remuants, les passagers québécois ont eu la patience de prendre parfois part à leurs jeux.
Cet état de fait alimente l’apaisement que je sens chez mes enfants. Ils se sentent accueillis dans un environnement amical et non relégués au banc de la société comme s’ils étaient gênants. Ils se sentent faire partie de la société au même titre que les adultes. Dès lors, le monde leur semble agréable, accessible. Ils gagnent en confiance dans leur environnement et dans leur capacité à s’y insérer et à en faire partie. Sans compter que vivre avec des gens souriants et affables, des gens qui ont l’air heureux leur donne foi dans la vie et l’envie de s’y lancer.
Au Québec, les éducateurs et les maîtres appliquent tous les méthodologies dites positives. On met en place et on explique des consignes aux enfants. Si ils les transgressent, on les rappelle et on reprend délicatement l’enfant. S’il s’agit d’une bravade, on ne punit pas, on ne réprimande pas un enfant, on discute pour essayer de comprendre les raisons qui ont poussé l’enfant à agir ainsi et on nomme de nouveau la règle. Les enfants ne sont donc pas grondés ou punis, ils ne vont pas au coin et heureusement, ne sont soumis à aucune forme de violence.
Bien sûr cet environnement bienveillant est positif pour nos enfants et alimente le terreau de leur confiance dans les adultes et dans les règles qui régissent la vie. Cependant, il peut donner lieu a des situations un peu extrêmes aussi. Par exemple, un enfant a été plusieurs fois mordu par un autre. On n’a trop peu fait comprendre à l’enfant qui mordait que son geste n’était pas acceptable, on n’a jamais éloigné les deux enfants.
L’éducatrice s’est beaucoup concentrée sur les raisons des morsures sans trouver de réelle piste, donc ça a continué. L’enfant mordu a fini par changer de groupe…Intéressant de chercher la cause racine mais encore faut-il réagir à chaque situation, sur le fait.
La première priorité des parents, des éducateurs et des personnels encadrants est d’enseigner aux enfants l’autonomie. Sans les faire rentrer dans des carcans imposés par la société et non adaptés à leur âge. Cet accompagnement est toujours personnalisé en fonction des périodes sensibles de chaque enfant. Par exemple, dès que l’on sent l’enfant enclin a marcher, on le soutient et on l’accompagne avec des outils dédiés, de façon adaptée. De la même façon, la diversification est menée par l’enfant qui s’alimente seul très tôt avec ses doigts. On en force pas les enfants à tenir des couverts, on leur permet de manger comme ils le souhaitent et ce dont ils ont envie. Petit à petit, ils vont aussi apprendre remarquablement vite à s’habiller seul, mettre leurs chaussures, leurs manteaux,…Un de mes enfants a grandi au Québec et il est aujourd’hui aussi indépendant que son frère qui a deux ans de plus, il a même pris beaucoup plus tôt certaines libertés ou certains risques comme sortir du bain, escalader son lit, grimper à un arbre, traverser la rue,…
Il faut reconnaître que si à la maison, nous n’avons pas toujours le temps et/ou l’énergie de les aider à gagner en autonomie (patienter 7 minutes pour un bouton qu’on aurait attaché nous-mêmes en 5 secondes…), l’aide apportée par la garderie est vraiment précieuse.
L’atout majeur de cette éducation à la québécoise c’est d’avoir développé la confiance en soi de mes enfants. L’un d’eux est de nature timide et est arrivé assez timoré au Québec. La transformation que j’ai pu observer chez lui est très inattendue. Il fait de plus en plus de choses sans nous, il ne prend pas peur devant des étrangers, il apprend à tester de nouvelles activités, participe à tous les jeux et prend même parfois le commandement de
son groupe d’amis.
J’ai pu observer comment ses éducatrices y sont parvenues. Elles font déjà preuve d’une profonde bienveillance, elles prennent les enfants comme ils sont sans s’en moquer et surtout sans nommer leurs défauts ou leurs carences. On ne critique pas négativement les enfants, on met au contraire l’accent sur leurs talents et leurs capacités. On ne les compare pas entre eux. S’ils doutent d’eux-mêmes, on leur rappelle simplement qu’ils en sont capables et on les amène à se réaliser tout ce qu’ils savent déjà faire. On valorise aussi énormément tout ce qu’ils font de bien, tout ce qu’ils réussissent, ce en quoi ils sont bons,…Les enfants sont conscients de leurs talents et de leurs forces, ils ont beaucoup plus envie de relever des défis et ont foi dans leur potentiel.
S’il est vrai qu’aucun système ni aucun pays n’est parfait, je crois quand même que je vais essayer d’importer certaines choses à mon retour en France!