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La question est tombée comme un couperet, en plein petit déjeuner, quelques minutes avant la course pour aller à l’école. Je ne pouvais pas répondre vaguement, faire une pirouette et partir. Parce qu’il y avait derrière cette question, des émotions contenues mais bien réelles et palpables pour celui qui sait être attentif.
Aux alentours de 4 ans, nous prenons conscience que la vie n’est pas si simple, affirme Isabelle Filliozat, alors qu’auparavant, nous nous sentions protégés par les parents. Ces questions sont naturelles et font partie du développement normal d’un enfant.
Il faut donc prendre le temps pour accueillir cette question très chargée de sens et d’émotions. Il est surtout très important de ne pas éviter la question ou de la balayer d’un revers de main. Ce n’est peut-être pas confortable pour tout le monde d’en parler avec son enfant ; on préfère évidemment parler de la vie, plutôt que de la mort ! Mais la mort fait partie de notre existence. Oui, nous allons tous mourir un jour, même ceux qu’on aime le plus…
Souvent, les parents cherchent à apporter une réponse. Je vous conseille de privilégier plutôt les questions pour comprendre son inquiétude. L’objectif est de permettre à votre enfant de s’exprimer, de mettre des mots sur un concept très abstrait. Vous pouvez lui demander : « Qu’est-ce que la mort, pour toi ? Qu’est-ce qui te fait le plus peur quand tu penses au fait que je pourrais mourir ? ». Il est primordial d’ouvrir la discussion et de faire comprendre à l’enfant qu’on accueille ses questions, même si on ne sait pas répondre à toutes. Selon la foi de chacun, nous pouvons apporter un éclairage à l’enfant. Inutile d’inventer des histoires fausses pour enjoliver les choses ou pour les cacher. La mort est une réalité, ne la nions pas. Tout ce qui vit meurt un jour, les plantes, les animaux, les humains…
La prise de conscience de notre condition mortelle est forcément déstabilisante pour l’enfant. Apprendre que l’on va mourir un jour n’est pas facile à comprendre, même pour les grandes personnes ! Ma fille qui, tout d’un coup, m’a posé cette question fut prise d’une vive émotion. « Mais si tu meurs un jour, je serai toute seule au monde… » Et prenant conscience aussi que cela lui arriverait un jour également, cela la plongea dans une grande détresse. Mon petit garçon me disait « Mais qui va s’occuper de nous quand tu seras morte maman ? Même si tu meurs très vieille, comment je vais faire moi sans toi ? »
Aidez votre enfant à traverser cette émotion sans la nier. Avec empathie, amour et compréhension. Ne cherchez pas à minimiser les choses. L’enfant vit suffisamment dans l’instant présent pour pouvoir rebondir juste après la discussion. Mais c’est important de ne pas rater l’occasion de permettre à ce passage de se faire le mieux possible. C’est votre rôle de parents.
Je pense qu’il est important d’ouvrir sur la Vie, sur le sens de la vie, sur cette foi en la vie. L’amour présent entre deux personnes ne s’efface pas, il est éternel, il reste vivant. L’amour est pour toujours. Les gens que l’on a tant aimés vivent à travers nous, rayonnent dans nos souvenirs et nos cœurs. Quelle joie de les avoir connus ! Pour les familles croyantes, pouvoir transmettre l’espérance chrétienne, l’idée d’une vie qui ne finit pas, une vie d’amour auprès de Dieu, est très rassurant pour l’enfant.
En bref, il appartient à chacun d’exprimer de façon très simple, le sens et la foi qu’on a en la vie. Et de toujours insister sur une chose : ce qui compte aujourd’hui, c’est l’amour qui circule entre nous à cet instant précis et qu’il faut apprendre à préserver, à cultiver. « Toutes ces questions sont intéressantes, je te remercie de les avoir posées, tu as bien fait. Mais ce qui compte aujourd’hui, c’est que je t’aime de tout mon cœur… Tiens, qu’est-ce qu’on peut faire ce matin ensemble ? …. »
Charline LESASSIER
©photo MAMAN VOGUE
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