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Lorsque je suis devenue maman, j’entendais beaucoup autour de moi cette phrase : « Profites-en, ça passe tellement vite ». Je ne supportais pas que l’on me dise cela ! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’à ce moment-là, je n’avais pas du tout envie d’en profiter. Chaque jour, j’avais l’impression de me battre contre tous les bouleversements physiques et psychologiques que ma nouvelle maternité apportait. Et c’était épuisant. Aujourd’hui, quelques années après, je me rends bien compte que c’est passé vite. Mais la vérité, c’est que, certes, les années sont courtes, mais les jours sont longs.
Quand on est toute jeune maman, nos journées semblent interminables. Elles sont faites de couches, de tétées, de câlins (heureusement d’ailleurs !), de berceuses et de siestes ; mais aussi de beaucoup de pleurs. Les pleurs du bébé, et surtout les nôtres. On est tellement fatiguée qu’on se demande comment on pourra un jour récupérer de ce marathon qu’a été l’accouchement, et du grand manque de sommeil qui s’en suit.
Aussi merveilleux que soit notre petit bébé, il faut avouer que l’on a hâte qu’il grandisse. Hâte qu’il fasse ses nuits, hâte que l’allaitement se mette enfin en place, hâte de tout simplement reprendre une vie normale. Je me souviens que durant les premières semaines de vie de mon bébé, j’avais cette sensation étrange d’être hors du temps, hors du monde. Tout le monde vivait sa vie. Dehors il y avait la vraie vie, et moi j’en étais à des années-lumières. Toute ma journée était concentrée autour de mon bébé. Et, quand enfin, un jour, j’ai réussi à me poser pour regarder un film, j’ai eu l’impression de sortir d’une sorte de coma, et d’enfin faire quelque chose de normal.
Cette période qu’est le post-partum est un bouleversement continu, l’impression que le monde tourne à l’envers. C’est un temps d’adaptation, nécessaire évidemment, à ce nouvel état qu’est la vie de parents. C’est une belle période certes, où l’on s’émerveille devant la vie et son renouveau. Mais c’est aussi une période violente, par toutes les émotions qu’elle contient.
Alors, arrêtons s’il vous plaît. Arrêtons de dire aux jeunes mamans d’en profiter, sous prétexte que « cela passe tellement vite ». Elles veulent que cela passe vite. Elles souhaitent, parfois plus que tout, aller se coucher et reprendre le cours de leur vie. Je pense sincèrement, que malgré toutes les bonnes intentions que l’on met derrière cette phrase, cela ne fait qu’augmenter la culpabilité déjà bien présente chez les jeunes mamans. Elles savent qu’elles devraient être au comble du bonheur, et elles se sentent déjà si mal de ne pas savoir en profiter.
Elle a conscience de sa chance, et quelque part, elle est heureuse de tenir enfin entre ses bras ce petit bébé tant attendu. Mais elle est épuisée, physiquement et psychologiquement. Elle tâtonne, elle est en phase d’apprentissage, et se demande si elle arrivera un jour à être la maman idéale qu’elle voulait être. Laissons-lui le temps de s’adapter et de construire sa relation avec son bébé. Elle profitera après.
Bien sûr, un jour, elle regardera avec nostalgie des photos de son enfant quand il était tout bébé, et elle se dira que c’était tout de même une belle période. L’être humain, ne l’oublions pas, a cette capacité merveilleuse d’effacer les mauvais souvenirs et de garder seulement les bons. Et heureusement, cela permet ainsi de chérir dans nos souvenirs cette période, aussi bouleversante soit-elle.
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