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Maman Vogue a recueilli le témoignage de Rachel, qui nous parle de sa grossesse et de son post-partum :
Je m’appelle Rachel, j’ai 30 ans. Je suis la maman de Garance (3 ans) et d’Anatole (5 mois). Installée en tant qu’orthophoniste libérale et passionnée par mon métier, et je tiens le compte Instagram et le blog @latribuhappykids.
J’ai vécu cette première grossesse, et la naissance de ma fille comme un bouleversement, que ce soit sur le plan physique ou émotionnel.
J’ai passé ma grossesse en Polynésie. Cela peut sembler idéal sur le papier. Mais pour une première grossesse, moi qui suis très proche de mes amies et de ma famille, je me suis sentie totalement coupée d’eux en étant à l’autre bout de la planète ! Le décalage horaire est important et rend les échanges très complexes. Mes amis ne m’ont pas vue enceinte, je suis partie le ventre plat et suis rentrée sur le point d’accoucher.
Au bout de quelques semaines, là-bas, j’ai commencé à avoir quotidiennement des vomissements gravidiques. C’était nuit et jour, je pouvais vomir n’importe où et à tout moment, dans des situations parfois burlesques ! Je devais conduire avec un sac plastique accroché à mes oreilles ! Après des examens médicaux plus poussés, rien ne pouvait expliquer ces vomissements à part qu’ils étaient d’ordre psychologique.
Ensuite, le dernier mois de ma grossesse, j’ai été séparée de mon mari. J’ai dû rentrer pour pouvoir accoucher en France. Lui, a dû rester à Tahiti, car il devait finir son semestre d’internat pour pouvoir le valider, et cette séparation a été vraiment difficile pour moi.
Cela a vraiment été l’élément déclencheur d’une petite descente vers une dépression post-partum par la suite.
Mon mari est rentré et j’ai accouché à Lyon. Encore une fois dans une ville que je ne connaissais pas, toujours pour suivre mon mari qui faisait de nouveau six mois dans le cadre de son internat d’orthopédie. J’ai accouché, cela a été long, et très douloureux.
J’ai été psychologiquement et physiquement très mal accompagnée en post-partum. Je suis sortie de la maternité en nourrissant mon bébé au biberon, à cause d’une infirmière qui m’a tenu des propos très culpabilisants sur l’allaitement. J’ai dû mettre en place l’allaitement toute seule à la maison, et les mois qui ont suivi je me sentais totalement seule, perdue et isolée, avec personne avec qui en parler.
C’est à ce moment-là que j’ai pris 16 kilos, en deux mois. Je faisais des crises d’angoisse dès que j’étais séparée quelques jours, voire une nuit, de mon mari quand il était de garde. Le traumatisme de notre mois de séparation pendant la fin de ma grossesse me mettait dans des états pas possibles. Moi qui suis à l’origine quelqu’un de très indépendant, cela ne me ressemblait pas du tout !
Je pleurais dès mon réveil, le soir aussi, et j’avais des idées très noires. J’avais cette impression d’être dans un trou noir, sans issue et d’être une mauvaise mère. Je me sentais moche et inutile. Cela faisait presqu’un an que je n’avais pas travaillé, moi qui adore mon métier, et j’avais le sentiment ne plus avoir de vie sociale, et d’être en décalage avec mes amies, célibataire et sans enfants. Je me sentais totalement perdue, moi qui étais toujours entourée, la première à faire la fête, très coquette et toujours investie dans des dizaines de projets en même temps ! C’est à ce moment-là que j’ai compris que je faisais une dépression post-partum.
Lorsque nous sommes rentrés à Tours, là où nous avions nos amis, et où j’avais mon travail, j’ai retrouvé mes repères et une certaine stabilité. Au bout de huit mois, ma fille a enfin eu une chambre et un lit ! C’est tout bête, mais après quelques mois à Lyon, nous étions en stand-by quelques mois entre mes parents, ma belle-mère, des amis, et nous n’avions pas de chez nous. Ma fille avait toujours dormi dans un lit parapluie. Je me rappelle avoir pleuré quand mon mari a monté son lit. Maintenant, je comprends ce processus de nidification que l’on ressent enceinte ! Je me suis ensuite bien rattrapée pour mon deuxième enfant !
J’ai aussi réussi à me sortir de cette dépression grâce à mon mari. Il a été très compréhensif, patient et à l’écoute. J’ai vraiment la chance de l’avoir.
Je trouve que notre génération subit une pression écrasante, à plusieurs niveaux :
On veut à tout prix être une bonne maman pour son enfant, on se met une pression de dingue, on se compare et on reçoit énormément de remarques et de conseils pseudos bienveillants. Mais également en tant qu’épouse, on se démène pour retrouver un équilibre dans notre couple.
Le congé maternité est trop court, et nous n’avons pas assez d’aide. On n’a pas toujours sa famille à proximité, ou un conjoint qui peut prendre des congés. Quand on exerce en libéral, comme moi, on doit en plus reprendre le boulot vite, car une grossesse nous coûte beaucoup d’argent ! Souvent, on reprend le travail en étant épuisée, notre enfant ne fait pas forcément ses nuits, notre corps ne s’est pas remis physiquement du traumatisme de l’accouchement.
Et enfin, il y a une véritable pression sociale. On doit retrouver vite une vie sociale active et remplie, et montrer que l’on assure. On doit toujours être parfaite, et vite !
Un conseil : quand vous avez une amie ou une proche qui vient d’accoucher, les cadeaux de naissances et les félicitations, c’est bien, mais surtout, demander lui sincèrement comment elle se sent et si elle a besoin d’aide. On a trop tendance à se focaliser sur l’enfant qui vient de naître, que ce soient les proches ou nous-même qui venons de donner la vie, et on s’oublie totalement.
Dans certaines cultures, la femme se repose, elle est accompagnée par la famille. Mais dans notre culture occidentale, la femme doit tout gérer, être debout dès le lendemain de son accouchement. Je trouve que c’est traumatisant. Et surtout ne dîtes jamais à une jeune maman : « Repose-toi, profite de ton CONGÉ maternité ! », ça n’a rien d’un congé !
C’est un compte Instagram (@latribuhappykids) mais également un site (latribuhappykids.com) avec une partie blog et une partie boutique. J’y parle de mon métier, sur des notes d’humour. Je donne des conseils sur le développement de l’enfant, d’éducation, mais surtout de relaxation, de respiration et de bien-être émotionnel chez l’enfant !
Je suis également l’auteure de Mon petit kit de médiation émotionnelle. Ce kit est un outil d’accompagnement parental abordant les thèmes des ÉMOTIONS – de la RELAXATION – de la COMMUNICATION et de L’ESTIME DE SOI. Je termine également mon deuxième livre Mon petit kit « respire et souffle » abordant l’importance de la respiration et du souffle dans le développement de l’enfant. Il comprend également plein d’activités autour de ce thème ainsi que des accessoires ludiques pour les réaliser.
Parlez-en ! Faites-vous accompagner, et n’ayez pas peur de dire que ça ne va pas. On a le droit d’avoir des faiblesses de temps en temps, on a le droit de ressentir de la tristesse face à la maternité, de ne pas sentir cette béatitude que certaines mamans ont.
Arrêtez de vous comparer aux autres mères ! Avec les réseaux sociaux, c’est très difficile, mais les langues se délient de plus en plus sur le sujet et c’est une bonne chose.
Il faut accepter que ce soit dur, et ne pas vivre ça comme un échec. Accepter cette tornade émotionnelle, accepter d’être schizophrène des sentiments : heureuse, et malheureuse, épuisée et pleine d’énergie tout cela, c’est normal.
Surtout, faites-vous accompagner, il existe des professionnels formés pour cela, et même des associations.
Enfin, je dirais que c’est un état, une période, avec un début et surtout une fin. Promis, ça va aller mieux !
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