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Reproduit-on nécessairement l’éducation que l'on a reçue ?

 
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Pour certains, la parentalité (qui passe pas l’éducation) est un chemin joyeux, qui rappelle des souvenirs heureux et une enfance bénie. Pour d’autres, devenir parent est un tout autre parcours rempli de joie et de bonheur mais qui fait appel à des souvenirs douloureux et qui nécessite un renoncement quotidien et une volonté absolue de ne pas revivre des relations compliquées et toxiques.

Un travail de tous les jours

« Eduquer est un travail difficile pour tous les parents. Mais pour ceux que leur passé a pris, à leur insu, en otages, il peut être infiniment douloureux », Claude Halmos, Pourquoi l’amour ne suffit pas : aider l’enfant à se construire.

Certains parents ont vécu dans leur enfance des moments très désagréables d’injustice, de violence, de mépris et d’humiliation. Ces ressentis-là sont souvent en lien avec les parents, alors durs dans leur éducation ou pauvres dans leur affection, mais aussi d’autres adultes (maitresse, prof de sport) dont les parents n’ont pas su les protéger. Ces marques-là sont comme indélébiles et influencent évidemment la vie d’adulte et plus particulièrement la façon d’être parent. La traversée de la parentalité est alors plus difficile, plus couteuse et demande beaucoup d’énergie.

Deux enfances différentes

 Tout le travail réside dans le fait de ne pas confondre l’enfance que l’on a vécu avec celle que l’ont fait vivre à nos enfants. Pour cela, je partage souvent cette image en racontant cette histoire :

Deux enfants viennent me voir dans mon cabinet, le premier, l’enfant A vient accompagné de ses éducateurs parce qu’il a dû être éloigné de sa famille qui était très violente envers lui. Il présente aujourd’hui de nombreux symptômes dont celui de refuser de dormir le soir et de ne pas vouloir manger au moment des repas.

L’enfant B, vient lui accompagné de ses deux parents, pour de nombreux symptômes dont le fait qu’il pleure énormément le soir au coucher et refuse catégoriquement de manger autre chose que des purées au moment des repas. Les parents travaillent beaucoup et viennent d’avoir un autre enfant, ils consultent alors pour savoir comment gérer l’éventuelle jalousie de leur ainé.

Je propose ensuite aux parents d’imaginer qu’un soir, au moment du coucher on prend une photo de ces deux enfants qui pleurent : pensent-ils que nous voyons une différence entre les larmes de ces deux enfants ? « Oui quand même ! », me répondent-ils à l’unisson.

Mais, la réponse est non. Quand un enfant pleure, il pleure, et on ne sait souvent pas de quoi s’agit-il. Sauf que les pleurs sont en réalité très différents : pour l’enfant A on peut imaginer la souffrance et la dépression de cet enfant seul, sans ses parents qui a vécu et assisté à des scènes de violence terrible : je propose alors aux éducateurs différents conseils pour apaiser sa douleur et diminuer sa dépression (lui proposer que des choses qu’il aime, ne plus le laisser seul…). Les symptômes de l’enfant B, quant à lui, même s’il est difficile de le percevoir en tant que parent, n’ont probablement pas du tout la même origine, l’enfant n’a donc pas les mêmes besoins. En effet, gâté par des parents aimants qui lui donnent toute la bonne nourriture affective dont il a besoin appelle probablement au moment du coucher et du diner les limites et a besoin qu’on le recadre et qu’on lui apprenne les interdits. Les parents, amusés, se rendent compte alors que leur enfant est évidemment bien plus un enfant B qu’un enfant A.

Cette image volontairement exagérée et simpliste sert à expliquer aux parents que lorsque l’on a vécu une enfance douloureuse, il est très compliqué de faire la différence entre un appel de réconfort et un appel de limites parce que l’enfant qu’était le parent était incompris et avait lui, bien plus besoin de réassurance affective que de limites. La confusion entre les deux enfances est souvent observée et c’est tout à fait normal ! Mais il est important de se rendre compte que les moments que nous vivons et proposons à nos enfants ne sont pas les mêmes types de moments que nous avons vécu étant enfant.

S’en rendre compte pour être plus libre

Prendre conscience avec l’aide d’un thérapeute, avec son entourage ou seul que notre enfant intérieur a été blessé étant enfant nous permet d’en « prendre soin » et ainsi de vivre avec et de le soigner. En le soignant, on fait la différence entre notre cheminement personnel et l’éducation de notre enfant qui mérite un investissement particulier et individuel.

Quand il faut mettre des limites

C’est au moment où les enfants deviennent difficiles à gérer ou que vivre avec eux est parfois pénible que les parents ressentent souvent comme un conflit intérieur : comment cadrer mon enfant et ne pas le laisser faire ce qu’il veut tout en le respectant et en ne le brusquant pas comme j’ai pu l’être ?

En effet, quand on a terriblement manqué d’amour et d’affection, comment ne pas vouloir à tout prix aimer nos enfants au point de ne jamais vouloir les contrarier ni être fermes avec eux ? Quand nos parents toléraient facilement toute transgression même majeure, comment réussir à placer le curseur éducatif de nos enfants et les aider à supporter toute frustration ?

Pour cela, faîtes-vous confiance mais n’hésitez pas aussi à vous faire aider et à en parler autour de vous. Faites la différence entre vous et lui, essayez d’avoir un regard plus juste et en vérité pour être plus libres dans votre parentalité.

 

@lenaig.steffens.psy

Lénaïg Steffens

 

Photo :@l a e t i

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