Mon enfant me ment, pourquoi n’ose-t-il pas me dire la vérité?
Une excellente question à se poser, c’est de se demander, est ce que moi, parent, je mens ? Certainement un peu, ça arrive à tout le monde de mentir, au moins par omission ou par exagération. Mais, si on fait cet exercice très difficile d’être vrai avec soi-même, on peut se rendre compte qu’on ment régulièrement et délibérément.
Les enfants voient tout. Ils peuvent ressentir que nos paroles ne sont pas du tout en adéquation avec nos pensées. Ou alors ils nous entendent dire quelque chose à quelqu’un, pour tout de suite après, dire le contraire à quelqu’un d’autre. Ils observent, ils ressentent, ils nous connaissent mieux que personne.
Les enfants voient les petites fois ou papa et maman écrivent « mon enfant était malade » sur le carnet de correspondance pour partir en week-end. Ils entendent aussi quand leurs parents racontent qu’ils ont déjà un anniversaire parce qu’ils n’ont pas envie d’aller voir mamie. Ou parfois, ils les entendent aussi dire qu’ils vont bien parce que c’est trop dur de dire que cette journée nous a fait souffrir. Rien n’est anodin.
Si on se surprend en train de déformer la vérité, il est essentiel de se reprendre, peut-être même s’excuser, et montrer à ses enfants qu’on peut à tout moment rétablir la vérité. La transparence construit la confiance.
Il arrive que nos enfants nous racontent des choses tellement énormes qu’elles en deviennent impossibles. Que faire quand nous savons qu’ils mentent ? Et mentent-ils réellement ?
La différence entre la réalité et l’imaginaire est parfois toute petite dans le cerveau d’un enfant. Il est important de prendre en compte son âge quand on discute avec lui. Tous les enfants passent par le stade où ils ne différencient pas les personnages des dessins animés de leurs camarades de crèche. Ils sont tous bien réels pour eux !
En revanche, quand ils grandissent, ils deviennent capables de faire la différence entre réalité et imagination. Et ils découvrent qu’ils peuvent falsifier la vérité. Alors comment réagir ?
Premièrement, ayez en tête que ce n’est sûrement pas contre vous. Les enfants se cherchent, découvrent, testent, ce n’est pas une attaque personnelle contre leurs parents. Vous pouvez donc garder votre calme et valoriser son imagination tout en lui montrant que nous savez qu’il ment: « Wow, tu as une imagination débordante trésor ! Oh la la, il s’en passe des choses dans ta merveilleuse petite tête ! Es-tu sûr que ça se soit passé exactement comme ça ?«
Gardez en tête que certains enfants mentent pour pour nous protéger. Si la vérité nous fera mal, et qu’ils ne nous croient pas assez solides pour l’encaisser, ils vont mentir, pour nous. Ce sont ces fois où les enfants s’inventent des amis ou des jeux dans la cour parce qu’ils ne veulent surtout pas nous inquiéter en avouant qu’ils n’ont pas réussi à se tisser des liens et qu’ils sont restés seuls pendant toute la récréation.
Certains enfants répondent « je ne sais pas » parce qu’ils ne veulent pas vous mentir mais ils n’assument pas non plus la réalité. C’est un combat à l’intérieur d’eux. Inutile de lever le ton « si tu sais très bien !!! » Invitons-le plutôt dans un doux « tu peux tout me dire, chéri, je suis solide« .
Ils doivent savoir que ce n’est pas à eux de nous porter ou de nous protéger, c’est l’inverse ! Ils n’ont pas à adopter une posture de responsabilité envers nous. Nous sommes les parents ! C’est nous qui avons l’expérience et la maturité ! C’est à nous d’être présents pour nos enfants et pas le contraire !
Les accuser directement de mensonge sera beaucoup moins efficace que de les sécuriser dans le fait qu’ils peuvent tout nous dire, que nous pouvons encaisser leur réalité et même les soutenir.
Certains enfants on tellement honte de la vérité qu’ils la cachent. Parfois, ils ont fait une énorme bêtise et ont peur d’être grondés. Ils ont peur de nous décevoir et appréhendent notre réaction. Leur unique stratégie dans ce cas, c’est d’inventer quelque chose. Ce sera toujours moins honteux que la vérité !
D’autres n’arrivent pas à avouer la vérité parce que ils se disent qu’il vaut mieux perdre la confiance que perdre la face. Parce que, oui, quand il y a du mensonge, il y a perte de confiance. Comment vais-je te croire la prochaine fois que tu me dis quelque chose puisque je sais que tu vient de me mentir ??? Mais pour un enfant qui se réfugie dans sa fierté, perdre la face est inimaginable. Il vaut mieux mentir.
Un enfant qui a de la fierté n’est pas mauvais. La fierté n’est pas toujours mal placée. Parfois il s’agit d’insécurité transformée en assurance forcée. Il a besoin de se sentir important, alors il brode tout un tas de petits trucs faux autour de la réalité.
Lui dire qu’il est un menteur n’apportera rien. Sauf peut-être un peu plus de honte ou de distance.
Vous ne découvrez pas qu’avec les enfants (et les êtres humains en général), rien n’est gagné d’avance. Il n’existe pas de guide ou de recette toute prête infaillible. Bien sûr, nous rêvons toutes du manuel merveilleux : « 3 étapes pour que mon enfant aille bien toute la vie et que l’on s’entende à merveille ! » (Rupture de stock au bout de 2 heures !) mais malheureusement il n’est pas encore paru !
Les relations humaines sont complexes, puisque nous sommes des êtres merveilleusement complexes. Je ne peux partager uniquement que des pistes de réflexions. Chaque parent doit faire le boulot en fonction de son enfant et de chaque situation. Un petit fil sur lequel on tire pour découvrir ce qui se cache au bout.
Il ment ? Commençons par reconnaitre et valider ce que cela déclenche chez nous. Nous somme déçus, fâchés, etc… MAIS on va gérer ! Pas la peine de paniquer ! Ce n’est pas une attaque personnelle. C’est l’opportunité de grandir ensemble
Ensuite, on peut leur dire que tout le monde fait des erreurs et que c’est comme ça qu’on apprend ! Pourquoi même ne pas leur raconter quelques unes de nos erreurs ? Mes enfants savent que quand j’étais en primaire j’ai volé des bonbons et que j’ai menti à ce sujet parce que j’étais terrifiée à l’idée de perdre mon amie. Je leur ai expliqué qu’en réalité, j’aurais préféré avouer la vérité et être suffisamment forte pour ne pas céder à du chantage. Je veux qu’ils sachent qu’on traverse tous des moments de faiblesse, douloureux, mais qu’on peut grandir, rétablir la vérité, et qu’ils peuvent courir vers moi quand ils ont fait une bêtise.
Enfin, j’essaie de les recevoir avec amour et justice quand ils avouent quelque chose. Amour pour qu’ils soient vrais avec moi et osent se confier. Justice parce que s’il y a quelque chose à réparer, il faut trouver une solution pour le faire.
Dire la vérité demande beaucoup de courage ! Félicitons les quand ils ont suffisamment confiance en nous pour être transparents. Encourageons les à vivre dans la vérité, qui coûte plus mais qui vaut tellement la peine. Une vie vraie, sans s’épuiser à faire semblant. Quel cadeau !
Mes parents, sans me gronder ni me dire que je les avais déçus, m’on fait racheter le paquet de bonbon pour le rendre à l’école. Un peu gênant sur le moment mais avec le recul, ce jour là je me suis promis que je ne cèderai plus jamais à la pression pour garder une amitié. Bien sur que ça s’est reproduit, je suis humaine. Mais j’ai grandit ce jour là, je me suis un peu plus affirmée.
Rappelons-nous que, la vie, c’est petit à petit. N’imaginez pas que vos enfants en une bêtise rattrapée auront retenu la leçon pour toujours ! Comme si on savait parfaitement tirer profit de nos erreurs. Mais un peu c’est déjà bien. Les petits ruisseaux font les grandes rivières et si ça rapproche les coeurs alors c’est gagné ! L’enjeu n’est pas toujours là où on l’imagine…
Priscille – Encourageuse sur Instagram Dépassée mais heureuse.