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Chez Petit Berge, on adore la finesse de l’illustration, le détail élégant si bien nuancé et les tenues à croquer. On a voulu savoir qui se cachait derrière ce ravissement. On a donc découvert Hélène, une douce maman aussi délicate et intelligente que ses dessins. Et également une jeune femme gaie qui assume ses convictions.
Je suis Hélène, j’ai 32 ans et je suis la maman de 3 filles et 2 garçons, de 10 à 1 an. Nous vivons à Tours depuis 5 ans.
J’ai une formation de styliste, diplômée d’une école de mode à Paris. Je suis ensuite rentrée chez Jacadi où j’ai travaillé comme styliste pendant un an. Ma vie personnelle a rapidement évolué en même temps car je me suis mariée assez jeune. J’ai eu la grande chance de rencontrer mon futur mari à l’âge de 16 ans (16 ans pour lui aussi), nous suivions le même cours d’orchestre au conservatoire. Le soir même de notre rencontre, nous savions que nous étions fait l’un pour l’autre, c’était une évidence. Nous nous sommes fiancés à 18 ans puis mariés (enfin !) à 20 ans. Un an plus tard, je donnais naissance à notre première fille, Inès.
Plus le moment de reprendre le travail arrivait, plus je freinais et j’ai fini par me rendre compte que je n’avais tout simplement pas envie d’y retourner. La logistique n’était pas prête à soutenir mon retour au travail. Mais surtout mon cœur me disait clairement que je n’avais pas envie de la laisser. Je n’avais pas envie d’arrêter d’allaiter et ne me résolvais pas à faire le deuil de tout ce que j’allais manquer en travaillant. Je suis donc restée à la maison, et très vite, Angèle est arrivée, (elles ont 14 mois d’écart). Aujourd’hui, en y repensant, je réalise que le statut et les contraintes du salarié me dérangeaient. Je n’aimais pas ne pas être libre de mon temps.
Quand Angèle a eu 1 an, j’ai commencé à tourner en rond à la maison. Je m’ennuyais et mon mari, qui le constatait, m’a incité à (re)prendre une activité. J’ai naturellement retrouvé mes crayons et commencé de nouveaux dessins. Puis je les ai montrés sur les réseaux sociaux, pour mon plaisir, sous le nom de Petit Berge. Sans objectif précis, je partageais ce que je croquais. Rapidement, mon travail a été apprécié et Faire-Part Élégant m’a proposé une première collaboration. Puis, tout s’est enchaîné : des commandes, de nouvelles collaborations et j’ai fini par monter ma boutique en ligne. Rien n’était prémédité et ma marque est née ainsi petit à petit.
Sept ans plus tard, Petit Berge est une entreprise qui tourne à plein régime, et implique une disponibilité de plus en plus conséquente. Rien de tout ça n’était prévu mais je me suis laissée porter et aujourd’hui, ce travail fait aussi ma joie.
J’ai fait le deuil de la routine et des habitudes de travail. Avec des enfants, impossible de faire la même chose tous les jours, ils se chargent de bouleverser tous les programmes. Alors j’applique un principe simple et pragmatique : je travaille quand je peux. J’ai mon petit dernier avec moi à la maison et je travaille pendant ces temps de siestes. Le seul rituel que je peux m’octroyer est de retravailler le soir lorsqu’elles sont toutes couchées. Avec mon mari, nous nous installons souvent dans mon atelier, et nous avons beaucoup de plaisir à travailler à côté l’un de l’autre et à nous entraider.
Je suis passionnée par mon activité avec Petit Berge mais les enfants restent ma priorité absolue. J’ai charge d’âmes et c’est tout ce qui compte.
Aucune, je pense au contraire que je gagnerais à en recevoir plutôt qu’à en donner ! J’exagère mais je crois qu’une des clefs c’est d’anticiper au maximum, quand on y arrive. Ne pas attendre que la maison soit un champ de ruine pour ranger, mais le faire dès qu’on rentre dans une pièce. Rien que ramasser tout ce qui traîne par terre, permet déjà de se sentir (un peu) mieux dans sa tête ! Et anticiper les repas autant que possible.
Je tiens aux horaires. Quand ils sont respectés, ils rythment la vie de famille. Je planifie en fonction des besoins de sommeil des enfants ; ce qui me semble être leurs besoins les plus importants. D’ailleurs, rien ne m’énerve plus que de les réveiller le matin et de les trouver encore fatiguées.
Le sommeil de chacun, y compris le mien, est un impondérable auquel je ne déroge pas. Si j’ai besoin de faire la sieste, je la fais sans aucune culpabilité, je sais bien que j’en ai besoin.
Aussi, je ne supporte pas que les enfants répondent aux adultes ou simplement entre eux. J’essaie de bannir la méchanceté, la comparaison et la jalousie de chez nous. Nous prenons garde à ce qu’aucun de nos enfants ne se sente lésé, et qu’ils aient un réservoir d’amour rempli selon leurs besoins respectifs. Nous n’hésitons pas à prendre un moment seuls régulièrement avec chacune, une petite balade ou un goûter dans un endroit sympa ont un petit goût d’exceptionnel pour elles et on en ressent très vite les bienfaits.
J’aime également mettre un point d’honneur à la décoration, la lumière, l’atmosphère. Mon mari rentre parfois du travail dans une maison complètement réaménagée ! Si je ne me sens pas bien chez moi, j’ai le sentiment que quelque chose ne va pas.
Elles ont été difficiles. J’ai des grossesses à risque avec beaucoup de contractions dès le cinquième mois et je dois rapidement m’allonger. Puis, j’ai connu la douleur de perdre un bébé en route.
Difficilement. J’avais l’impression qu’on cherchait à me faire croire que c’était malheureux mais banal. Il y a un grand tabou autour de ce sujet ; or je souffrais et j’avais besoin d’en parler. J’ai perdu beaucoup de poids, j’ai mis beaucoup de temps à récupérer. J’ai trouvé une oreille attentive chez ma sœur qui avait vécu la même chose. Elle m’a laissée vivre ma douleur et m’a rassurée : « non, ce n’est pas anodin, oui, tu peux être triste ».
Aujourd’hui, dans mon cœur, j’ai 6 enfants. Quel que soit le terme où on perd son bébé, on l’a accueilli, il a été une personne pour nous, un petit frère ou une petite soeur. Depuis, nous n’hésitons pas à annoncer très rapidement mes grossesses, pour donner une existence immédiate à chaque enfant.
La reconnaissance je pense, car j’ai peu de confiance en moi. Ce que j’ai découvert avec Petit Berge, où il faut savoir aussi parler de soi, de son activité (ce qui n’est vraiment pas un exercice facile !). Il faut aussi savoir prendre du recul sur les remarques blessantes que l’on peut recevoir injustement.
Non. Evidemment, il y avait la reconnaissance de mon mari, mais en société, en tant que « mère au foyer », je n’existais pas. Je ressentais que je faisais « pot de fleurs ». Ça m’énervait beaucoup car j’étais un fier défenseur de la femme au foyer. Je reconnais que je manquais de nuance : pour moi, il était incompréhensible de confier ses enfants à quelqu’un d’autre et de vouloir faire autre chose que de s’occuper d’eux. Puis j’ai navigué dans pas mal de groupes, rencontré d’autres familles et me suis rendue compte qu’il y a autant de modèles que de parents.
Aujourd’hui, je ne suis pas devenue une féministe acharnée ou une mompreneur. J’avoue que parfois tout ce vocabulaire m’écœure un peu. Je travaille et je m’occupe de mes enfants. Mais qu’on ne s’y trompe pas, ils sont ma priorité. Sur mon compte Instagram, j’essaie de cultiver cette dualité : je suis l’illustratrice de Petit Berge, mais aussi et surtout maman.
D’abord, je pense que c’est indispensable de trouver cette soupape pour se concentrer un peu sur soi-même. Il faut savoir se mettre dans sa bulle avant de recommencer à prendre soin des autres.
Personnellement, j’aime énormément écouter de la musique, ça me fait beaucoup de bien. Je savoure aussi la joie de la solitude. Par exemple, en sortant faire une promenade seule (si rare soit-elle), ou bien lorsque je vais à un salon dans lequel j’ai un stand. Paraître uniquement une femme, un chef d’entreprise, avec ce trésor caché d’être une maman de 5 enfants au creux de mon coeur! Et, vous l’aurez compris, j’ai aussi un profond besoin de dormir.
Enfin, je trouve que les réseaux sociaux nous offrent de multiples possibilités de maintenir le contact avec nos familles et nos amis. Pour nous qui sommes un peu esseulés, c’est précieux.
La vie est belle !
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