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Le syndrome du wonderparent : entretien avec Anne Peymirat

 
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Mère de 4 enfants et diplômée d’HEC, Anne Peymirat a fondé son cabinet d’expertise en parentalité après 15 ans de conseil, notamment à l’international. Son dernier livre « Le syndrome du wonderparent » met en lumière la double injonction qui pèse sur les parents actifs d’aujourd’hui : travailler comme si on n’avait pas d’enfant et élever ses enfants comme si on ne travaillait pas. Anne Peymirat nous explique les conséquences de cette pression insoutenable et propose des pistes concrètes et efficaces pour retrouver équilibre et sérénité !

Quel est le constat dont part votre réflexion ?

Le constat est simple : l’avancement des droits des femmes, et leur arrivée massive dans les entreprises et dans le monde du travail en général, aurait dû engendrer une transformation profonde des modes de vie et des modes de travail. Or cette désertion des femmes de la sphère domestique n’a été nullement contrebalancée ! Résultat, les parents se retrouvent à faire deux journées en une et à devoir être performants sur les deux plans, professionnel et familial. Or ce constat est presque un tabou, un impensé collectif qui est en fait ramené à l’individuel : chacun tente de se débrouiller, de s’organiser et d’être performant. Mais 80% des salariés sont parents, cette question est donc majeure !

Quels sont les symptômes de ce syndrome dont vous parlez ?

Je dirais qu’il y a trois symptômes principaux :

  • La fatigue, dont l’importance est souvent niée par les personnes elles-mêmes !
  • La culpabilité. Je repense à ce consultant, père d’un petit garçon, qui me confiait : « Quand je suis à la maison, je culpabilise de ne pas être au bureau à gérer les dossiers avec mes collègues. Et quand je suis au bureau, je culpabilise de ne pas être avec mon fils ! »
  • Le stress, sur le plan professionnel comme familial. Il s’accompagne d’un manque de confiance en soi, surtout chez les femmes qui, souvent, ne se sentent pas à la hauteur.

Pouvez-vous nous donner des exemples de conseils pour apaiser la vie professionnelle ?

  • Prioriser : un conseil fondamental, au travail comme à la maison, est d’apprendre à prioriser. On peut s’aider, par exemple, de la fameuse matrice d’Eisenhower qui propose de noter ce que l’on a à faire selon deux axes urgent / important. On apprend alors à se concentrer en priorité sur ce qui est urgent et important, à planifier les tâches importantes mais non urgentes, à déléguer ce qui est urgent et non important et enfin, à abandonner ce qui n’est ni urgent ni important !
  • Choisir : si la réflexion a été menée en amont, je vais voir mes renoncements, non comme des sacrifices mais comme des choix pensés et voulus.
  • S’affirmer : il s’agit d’apprendre à s’affirmer avec ses contraintes. Par exemple, au lieu de dire « Désolée, je ne pourrai pas être à la réunion de 18h parce que c’est l’heure du trajet d’école pour moi », dire « Si vous voulez que je sois là, la réunion doit être à 17h max ! ».

Et des astuces pour la vie familiale ?

L’objectif, dans mes accompagnements, est de retrouver sérénité et complicité à la maison, avec ses enfants. Comment ?

  • Les compliments descriptifs. Même dans une famille aimante, au quotidien, il y a en moyenne 1 compliment pour 9 critiques ! Il s’agit de retourner la tendance, en observant et en relevant toutes les petites choses qui vont bien. Selon l’âge des enfants, ce sera le fait d’avoir attendu quelques minutes pour parler quand maman était au téléphone, d’avoir mis ses chaussures seul, d’avoir fait un puzzle avec sa petite sœur, d’avoir laissé son téléphone pour passer un temps en famille … Si l’on se fixe, pendant une semaine, de dire 10 compliments par jour à ses enfants, on en verra vite les bienfaits. On recrée un lien de confiance tout en donnant de l’attention et en motivant les efforts !
  • Le temps privilégié. Un parent actif, par définition, manque de temps. Souvent, on essaye de passer beaucoup de temps avec ses enfants mais on manque d’attention, on fait autre chose en même temps, on est coupé ou occupé par son téléphone … Je conseille plutôt de passer 15 minutes par jour avec chaque enfant, petit comme adolescent. Cette petite activité de pleine attention, sans écran, sans autre but que de passer un vrai temps de qualité parent-enfant, est très positive pour la complicité et la sérénité !

Au-delà des conseils individuels, la question est aussi globale, politique. Que faudrait-il faire ?

C’est vrai, la question est politique ! Dans la parentalité, de nombreux acteurs sont en jeux et doivent prendre le sujet à bras le corps. L’État, les conventions collectives et les syndicats, les entreprises, les collectivités locales … La réflexion doit être menée, et pas seulement sur les premiers mois après la naissance mais sur le long terme. Il y a trois points, notamment, qui pourraient être source d’amélioration :

  • Plus de flexibilité au travail, notamment sur les horaires. Ainsi qu’une souplesse sur le présentéisme, qui entrave souvent les salariés au lieu de les rendre efficaces. Pour cela, une bonne communication est indispensable. Le fait d’avoir des contraintes dans ses horaires parce qu’on est parent n’est pas un tabou ! Cela doit être expliqué clairement ! Le télétravail, accéléré par la Covid, est un pas vers cette souplesse.
  • Plus de soutien aux parents. Le CPF (compte professionnel de formation) devrait pouvoir être utilisé pour des formations en parentalité. Après tout, n’est-ce pas aussi ou plus important que d’autres compétences ?
  • Le retour du congé maternité, notamment, est un moment charnière où l’on devrait accompagner les mères par des ateliers. Il est fondamental de rompre l’isolement qui est souvent ressenti. Il faut proposer des clés concrètes pour vivre cette période sereinement.

Comment en êtes-vous arrivée à devenir coach familiale ?

Après HEC, j’ai travaillé 15 ans dans le conseil chez Accenture, notamment en Angleterre et en Asie. J’ai eu 4 enfants, ce qui m’a naturellement amenée à me poser beaucoup de questions. Je trouvais qu’il y avait un vrai manque de ressources. J’ai découvert la parentalité active ou « calmer parenting », que j’ai appliquée à notre vie de famille. Très vite, j’ai eu envie de faire découvrir ces méthodes et d’en faire mon métier ! J’ai donc fondé un cabinet d’expertise en parentalité et depuis près de 15 ans j’anime des conférences et j’écris des livres.

L’objectif principal de cette parentalité active est de changer l’atmosphère de la vie de famille. Tous les parents connaissent ces matins pressés et stressés où l’on se retrouve à crier sur ses enfants pour ne pas être en retard ! On se sent nul et on arrive au travail avec le poids de ce stress et de cette culpabilité. Quelques clés suffisent pourtant à faire retomber la pression et à retrouver plus de sérénité !

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